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Histoires réelles ou fictives?
14 octobre 2009

Conversation comatique

T’es vraiment dans un sale état. Ta mère est inquiète. On le serait à moins je crois. Je ne comprends pas pourquoi elle m’a contacté; elle me connait à peine.

Je suis mal à l’aise d’avoir cette conversation là avec toi. Lorsque tu es parti, il y a plus de trois mois déjà, tu m’as dit que tu allais me recontacter et que tu voulais que je respecte ça. Ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui. Mais ton médecin nous a dit que parfois ça peut aider les patients d’entendre la voix des personnes qui comptent pour eux. C’est aussi pour ça que je ne suis pas trop certaine de comprendre pourquoi ta mère m’a contacté. Tu es parti, nous avons rompu et depuis ton départ, je n’ai pas eu de nouvelles. Veux-tu juste me dire pourquoi t’es allé jouer sur un gréage alors que c’est pas ta job et que tu ne sais pas comment t’attacher convenablement? Mais tu es le gars le plus serviable du monde alors tu as sans doute seulement voulu bien faire.

Depuis ton départ, je pense souvent à nous. À l’amitié que nous avions, à la fréquentation que nous avons établie entre nous et au couple que nous sommes devenus. Tu es parti en tournée et moi je terminais mon baccalauréat. Tes courriels, lettres et téléphones mettaient toujours une douce lumière sur mes journées trop bien remplies et au sein desquelles je me sentais souvent seule et incertaine par rapport à mon avenir. Je me remémore ton retour et nos moments passés ensemble qui ont jalonné les semaines jusqu’à notre rupture et je tente de comprendre. Je repasse en mémoire les différents détails et je n’arrive pas à déterminer le moment où nous nous sommes trompés, où nous avons fais fausse route. Je ne peux expliquer comment nous avons pu en arriver là. J’espérais avoir des réponses lors de ton retour de cette tournée. Ma plus grande crainte est de ne jamais les obtenir. Je crois qu’il me serait difficile voire impossible de passer à autre chose. Tout comme les policiers qui perdent leur vie à se casser la tête sur un crime jamais résolu.

J’ai essayé de t’en vouloir. Vraiment! Mais j’ai tenu à peine une semaine et demie. J’en étais incapable. Pourtant, j’en suis venue à détester tous mes ex. Je crois que c’était la meilleure façon que j’avais trouvé de me guérir de mes chagrins. C’est facile de détester les hommes qui nous ont trahis ou traités de façon cavalière mais il est impossible de vouer du mépris pour une personne qui a toujours été un gentleman. Le matin de ton départ, bien que je te sentais si loin de moi, dans un pays que je n’ai jamais visité, je trouvais encore dans ton regard tout l’amour que tu avais pour moi. Ton amour de la tournée était simplement plus capricieux que le mien.

Malgré les pronostics du médecin, j’ai en moi la certitude que notre histoire ne se termine pas ainsi. Je me souviens de ton amour pour Walt Whitman, amour que nous partageons, et je possède toujours mon recueil de sa poésie. Tous les jours, jusqu’à ton réveil, je viendrai te faire la lecture. En langue originale afin de ne pas dénaturer la beauté de ses vers. Et s’il le faut, je te lirai Poe, et Prévert, et Keats. Je te ferai découvrir Baricco et autres auteurs que je chéris tant. Mais tu te réveilleras mon amour. Crois moi, tu te réveilleras.

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Commentaires
M
Je t'adore!!! ;)
Histoires réelles ou fictives?
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