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Histoires réelles ou fictives?

15 février 2010

Réveil de la réalité

La dernière phrase que je lui ai lue se trouve à la page 169 d’Océan Mer de Baricco.

-K- est sorti de son coma le 25 novembre dernier. Le jour de l’anniversaire de mon opération. À partir de ce jour, je n’ai pas remis les pieds à l’hôpital. Mes amis ont bien tenté de me convaincre d’aller le voir mais sans succès. Je m’étais promis d’y aller tous les jours afin de lui faire la lecture et ce jusqu’à ce qu’il se réveille. C’était maintenant chose faite. Je me suis questionnée sur la raison profonde qui me poussait à lui faire cette visite quotidienne même si on ignorait s’il nous entendait. J’ai tout de même pris une chance et après la lecture, je lui parlais un peu. J’avais besoin de lui faire part de tout ce que j’aurais aimé qu’il sache. Maintenant qu’il est réveillé, je préfère garder mes distances.  J’ai suffisamment souffert lors de notre rupture, je n’ai aucune envie de vivre ce rejet une seconde fois. On tente de me convaincre de le contacter avec l’argument qu’il a peut-être changé d’idée. Je ne peux pas. Je préfère me  protéger. Je suis comme ça depuis des années. Je préfère m’enfuir lorsque je crois que les choses commencent à tourner mal plutôt que de rester en place et de le constater. Je sais que cette solution est discutable…

La semaine dernière, j’ai croisé Loïc, un ami de -K-, sur la rue. Nous nous rendions au même party. Lorsque nous sommes arrivés, la plupart des invités étaient déjà là et ça discutait bon train dans la cuisine. Je n’avais même pas commencé à retirer mon attirail d’hiver que j’ai constaté que -K- était présent, toujours aussi beau. Exactement comme je l’avais toujours connu et aimé. J’ai pris mon sac que j’avais laissé tomber dans l’entrée et je suis ressortie sans faire de bruit et sachant très bien que personne ne savait que j’étais passée. Loïc m’a suivi et essayait de suivre mon rythme de marche qui ressemblait plus à un pas de course. J’étais déjà rendue loin lorsque je l’ai entendu crier derrière moi :

«Tu pourras pas le fuir éternellement.»

Il avait raison et je le savais. Tôt ou tard il faudra bien que je revois et reparle à -K-. Mais je ne m’en sentais pas encore capable. J’avais un palmarès si impressionnant d’histoires d’amour foireuses que, lorsque finalement -K- et moi avions commencé à nous fréquenter, j’avais cru que cette fois était la bonne. Alors je m’étais ouverte et montrée tel que j’étais. J’avais laissé tomber le personnage que bien des gens voient et qu’ils croient être la personne que je suis réellement. Pour la première fois depuis tellement d’années, j’étais heureuse. Véritablement. Loin de ma carapace construite à l’aide de mes sarcasmes. Et sans raison, -K- était parti. On aurait passé mon cœur au rouleau compresseur qu’il n’y aurait pas eu de différence.  Je pensais que les soirées passées à son chevet m’auraient aidé mais je me dois de constater que ce n’est pas le cas. Mon cœur n’est pas encore tout à fait remis. Désolé de te décevoir Loïc mais je vais fuir -K- jusqu’à ce qu’un miracle se produise.

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14 octobre 2009

Conversation comatique

T’es vraiment dans un sale état. Ta mère est inquiète. On le serait à moins je crois. Je ne comprends pas pourquoi elle m’a contacté; elle me connait à peine.

Je suis mal à l’aise d’avoir cette conversation là avec toi. Lorsque tu es parti, il y a plus de trois mois déjà, tu m’as dit que tu allais me recontacter et que tu voulais que je respecte ça. Ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui. Mais ton médecin nous a dit que parfois ça peut aider les patients d’entendre la voix des personnes qui comptent pour eux. C’est aussi pour ça que je ne suis pas trop certaine de comprendre pourquoi ta mère m’a contacté. Tu es parti, nous avons rompu et depuis ton départ, je n’ai pas eu de nouvelles. Veux-tu juste me dire pourquoi t’es allé jouer sur un gréage alors que c’est pas ta job et que tu ne sais pas comment t’attacher convenablement? Mais tu es le gars le plus serviable du monde alors tu as sans doute seulement voulu bien faire.

Depuis ton départ, je pense souvent à nous. À l’amitié que nous avions, à la fréquentation que nous avons établie entre nous et au couple que nous sommes devenus. Tu es parti en tournée et moi je terminais mon baccalauréat. Tes courriels, lettres et téléphones mettaient toujours une douce lumière sur mes journées trop bien remplies et au sein desquelles je me sentais souvent seule et incertaine par rapport à mon avenir. Je me remémore ton retour et nos moments passés ensemble qui ont jalonné les semaines jusqu’à notre rupture et je tente de comprendre. Je repasse en mémoire les différents détails et je n’arrive pas à déterminer le moment où nous nous sommes trompés, où nous avons fais fausse route. Je ne peux expliquer comment nous avons pu en arriver là. J’espérais avoir des réponses lors de ton retour de cette tournée. Ma plus grande crainte est de ne jamais les obtenir. Je crois qu’il me serait difficile voire impossible de passer à autre chose. Tout comme les policiers qui perdent leur vie à se casser la tête sur un crime jamais résolu.

J’ai essayé de t’en vouloir. Vraiment! Mais j’ai tenu à peine une semaine et demie. J’en étais incapable. Pourtant, j’en suis venue à détester tous mes ex. Je crois que c’était la meilleure façon que j’avais trouvé de me guérir de mes chagrins. C’est facile de détester les hommes qui nous ont trahis ou traités de façon cavalière mais il est impossible de vouer du mépris pour une personne qui a toujours été un gentleman. Le matin de ton départ, bien que je te sentais si loin de moi, dans un pays que je n’ai jamais visité, je trouvais encore dans ton regard tout l’amour que tu avais pour moi. Ton amour de la tournée était simplement plus capricieux que le mien.

Malgré les pronostics du médecin, j’ai en moi la certitude que notre histoire ne se termine pas ainsi. Je me souviens de ton amour pour Walt Whitman, amour que nous partageons, et je possède toujours mon recueil de sa poésie. Tous les jours, jusqu’à ton réveil, je viendrai te faire la lecture. En langue originale afin de ne pas dénaturer la beauté de ses vers. Et s’il le faut, je te lirai Poe, et Prévert, et Keats. Je te ferai découvrir Baricco et autres auteurs que je chéris tant. Mais tu te réveilleras mon amour. Crois moi, tu te réveilleras.

6 juillet 2009

longue absence

Mais bon, j'ai terminé à la fois le bacc., le stage, -K- est revenu de tournée (à ma plus grande joie!) et pleins d'autres péripéties me sont arrivées. Je reviens très bientôt avec des détails!

16 mars 2009

On peut toujours se tromper à propos de soi même

J'ai la mauvaise habitude de chanter les chansons mièvres qui jouent à la radio de mon épicerie à grande surface. J'ai surtout le malheur de les connaitre pratiquement toutes par coeur à cause de mes trois ans de loyaux services dans une succursale de Jean Couteux. J'étais donc concentrée à trouver un avocat assez mur pour ne pas me servir d'arme contre un quelconque voleur lorsque j'entendis derrière moi: «Hey Miss!» Miss est le surnom que -K- m'a toujours donné. À la longue, tout le monde s'est mis à m'appeler de la sorte. Je me retournai et vis son meilleur ami et collègue.

«Hey salut! Je savais pas que tu habitais Saint-Henri.
- Non, je suis au studio. On a pris un break pour venir se chercher d'la bouffe.
- On?
- Ouais je suis avec Loïc. On travaille sur notre petit projet perso.
- J'en ai entendu un peu... à cause de -K- bien entendu.
- Comment tu vis ça? T'as de ses nouvelles souvent?»

-K- est parti en tournée depuis bientôt deux mois. Une belle opportunité parait. Moi je ne connais rien à l'industrie musicale mais ce que je sais c'est qu'ici il est un des meilleurs dans son domaine. Lorsqu'il s'est fait proposé de remplacer au pied levé pour la tournée en Asie d'un groupe emo-punk, il a accepté. Je me demande encore pourquoi car ce n'est pas vraiment son style mais bon, c'est lui qui sait.

«Ouais, j'ai des nouvelles à peu près à toutes les semaines. C'est le beat tournée tout de même hein! Mais bon, je suis pas mal occupée de mon bord aussi alors le timing était pas si mal.
- T'es occupée ce soir?
- Non. À part ne pas faire mes lectures en me disant que je devrais les faire et me sentir coupable par la suite de ne pas les faire, je n'ai pas de plans pour ma soirée.
- Veux-tu venir en studio avec nous?
- Faire quoi? Je joue pas de musique et ce pour le plus grand bien de l'humanité!
- Pour tripper avec nous autres quand même. Tu nous donneras tes impressions. Tu joues pas mais t'écoutes beaucoup par contre.»

Voilà comment j'ai passé ma soirée avec Jérôme et Loïc dans un studio d'enregistrement. Je n'ai pas uniquement fait que de la figuration au cours de la soirée; j'ai aussi fait du spoken word. Je crois que c'est comme ça que ça s'appelle. En bref, je lisais des extraits de textes avec ma voix radiophonique. Nous venions de terminer ça lorsque Loïc est venu changer des branchements près de moi.

«Tu sais, je ne pense pas que tu sois une aussi mauvaise chanteuse que tu le dis. T'as une bonne et belle voix lorsque tu parles. Faudrait juste trouver ton style.
- Nah, je crois pas que ce soit pour moi. Je peux chanter que des chansons interpréter habituellement par des hommes.
- Comme qui? T'aimes chanter quoi?
- Vite de même... Richard Desjardins.»

Jérôme pianotait légèrement sur le piano depuis quelques minutes déjà. Un silence s'est installé avec la fin de ma phrase. Je pensais avoir dit une bêtise et voulais me reprendre mais Jérôme joua les premières notes de L'homme-canon de Desjardins. Loïc m'a tiré doucement vers un des micros et j'ai accepté de me laisser prendre au jeu. Nous avons enregistrés trois chansons et les gars m'ont assuré qu'il allait m'en faire une copie après m'avoir fait entendu le résultat partiel dont j'étais assez fière. Mais surtout surprise de constater qu'effectivement, ce n'était pas une torture auditive.

Il était tard et je m'apprêtais à rentrer chez moi lorsque Loïc me dit:

«As-tu une quelconque objection à ce que j'en envoie une copie à -K-?»

Pour toute réponse, je lui ai fait un hochement de tête et je suis sortie. Ces trois chansons vont lui permettre d'entendre ma voix là d'où il est.

10 mars 2009

Le Gars des vues

Depuis que j'ai vu le film "The Truman Show" il y a quelques années, il m'arrive parfois de me demander si ma vie n'est pas un téléroman tellement certains événements semblent arrangés avec le Gars des vues!

23 décembre 2008, 10h05 am.

-K- et moi nous fréquentons depuis quelques semaines maintenant et, malgré nos horaires respectifs très chargés, filons le parfait bonheur. La veille, pour la première fois depuis le début de notre fréquentation, il est venu dans une soirée organisée par une copine. Génial. C'est tout ce que j'ai à dire à propos de cette soirée. Tout s'est super bien passé: il a aimé mes amis, mes amis l'aiment beaucoup et il s'est rapidement intégré à ma faune. Nous sommes rentrés chez moi un peu tard dans la nuit et un peu ivres aussi.

Nous sommes donc le lendemain matin, devant ma porte d'entrée, lorsque le Gars des vues entre en jeu. Nous nous embrassons en planifiant vaguement ce que nous allons faire lorsque nous allons nous revoir entre Noël et le jour de l'An. Soudain, entre deux baisers, il me regarde et me dit: «Je t'aime». Bien des semaines auparavant, il m'avait fait une sacrée déclaration d'amour dans un bar mais jamais il n'avait prononcé ces mots exacts en me regardant dans les yeux et en donnant l'impression de les vivre. Je n'ai rien répondu. J'ai continué de le regarder dans les yeux et, en me mettant sur la pointe des pieds, je l'ai embrassé tendrement. Au même moment, dans ma chambre à coucher, mon réveil-matin s'est déclanché et Bono s'époumonait à dire "In the name of love... One night in the name of love"!
Vous voyez ce que je veux dire lorsque je parle du Gars des vues? À croire qu'il y avait une équipe de tournage de film planquée dans mon appart et que le Gars des vues leur a dit: «Ok on envoit la chanson dans 5, 4, 3, ..., ...»

Le timing était trop parfait pour être naturel. Je soupçonne aussi le Gars des vues d'être responsable de l'appel matinal du 14 février. Mais ça, c'est une autre histoire!

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7 mars 2009

Mieux vaut tard que j'aimais et encore plus lorsqu'on a une bonne raison

Je sais que ça fait très très longtemps que je n'ai pas écrit de billet sur ce site mais croyez moi, j'ai des bonnes raisons. Tout d'abord, le temps des Fêtes. Et qui dit temps des Fêtes dit party, dit pas beaucoup de temps versus le sommeil à rattraper. Ensuite, lorsque ces deux merveilleuses semaines se sont terminées, je suis retournée à l'université pour entreprendre ma dernière session. Et qui dit retour en classe dit retour au stage donc retour des semaines de 60 heures.

Les raisons énumérés dans le premier paragraphe expliquent déjà clairement le pourquoi je n'ai pas écrit avant. Par contre, il y a un léger détail qui m'a retardé quelque peu et, même si c'est honteux à raconter, je vais le faire tout de même.

J'ai une jarre à biscuit qui trône sur le dessus de mon frigo depuis des lustres et depuis des lustres elle était vide. Mais voilà qu'il y a quelques semaines je me décide à faire des biscuits. À temps perdu bien évidemment. Naturellement, après les avoir sorti du four, j'ai voulu les mettre dans ladite jarre histoire qu'elle serve à autre chose qu'à ramasser la poussière. Mais ô mystère, elle n'est plus sur le frigo. Je fouille partout dans les armoires et, ne la trouvant pas, je commence à soupçonner mon coloc d'être allé la "pawner" afin de s'acheter des clopes. Je l'ai finalement retrouvé coincée derrière mon frigo. Étant seule à l'appartement, je ne pouvais pas vraiment avancer seul mon mastodonte d'appareil ménager pour aller la chercher. J'eus donc ce merveilleux éclair de génie qui me suggéra de monter sur la sécheuse (qui siège à la gauche de mon frigo dans la cuisine) pour aller la récupérer. Me voilà donc à genou sur ma sécheuse avec le haut du corps qui pend dans le vide derrière le réfrigérateur. Au début, je ne me penche pas trop mais je ne me rends pas. Alors je me penche un peu plus et encore une peu plus et soudainement, sans raison valable, un de mes genoux glisse et je me pète la gueule (ou plutôt la clavicule) sur le sol derrière mes électroménagers. Mais mes pieds sont encore dans les airs et dépassent légèrement au dessus de la sécheuse. De toute beauté, je vous mens pas! Comme je l'ai dit précédemment, j'étais seule à l'appartement. J'ai donc due attendre le retour de mon coloc pour me sortir de là. En fait, j'ai due attendre le retour de mon coloc mais surtout la fin de son fou rire.

Ensuite s'ensuivit de magnifiques heures d'attente à l'urgence (près de 8 heures) pour tomber sur un sexy futur médecin qui me demande la question que je ne veux pas entendre: "Racontez moi comment c'est arrivé". Plutôt mourir! Résultat: une clavicule de fêlée, des ligaments de déchirés et des mois de physiothérapie. Ça m'apprendra à faire des biscuits!

7 janvier 2009

De retour très bientôt c'est promis!

De retour très bientôt c'est promis!

13 décembre 2008

une semaine à GhostTown

C’est officiel, depuis près d’une semaine je n’habite plus Montréal mais GhostTown. Tout a commencé lundi soir lors d’un vernissage. Je promenais ma coupe de vin et mon air perplexe dans la galerie tout en observant les œuvres exposées. Je suis très concentrée sur une immense sculpture en bronze lorsque j’entendis que l’on me glissa à l’oreille :

« Manges-tu toujours du yogourt aux framboises avec des doritos? »

J’ai figé sur place. Très peu de gens m’ont vu manger ce drôle de mélange. Je me retournai et me retrouvai devant Mathias, un artiste dans la fin trentaine au charme fou mais au talent discutable avec qui j’avais vécu une courte aventure des plus intenses au cours de l’été dernier. Pour une raison qui m’était toujours obscure, il n’avait pas retourné mon dernier appel. Nous avons discuté un temps ensemble et bien qu’il ne m’avait pas donné signe de vie depuis des mois, je ne me sentais pas capable de lui en vouloir. Je trouvais dommage la tournure des événements mais je ne lui en voulais pas réellement au fond de moi-même.

 

Mercredi soir, je suis dans un bar où des amis disputent un match d’impro. Je suis accoudée au bar en attendant ma bière lorsque j’entends un signal d’alarme résonner dans ma tête. Je me retourne soudainement et  aperçois Octave qui parle avec des gens près de la porte. Octave est un technicien sur les plateaux de tournage et s’occupe généralement de la sonorisation. Nous avions été des amants occasionnels au cours de la dernière année. Dans cette histoire, c’est moi qui a cessé de lui téléphoné et je ne sortais plus au bar où il a l’habitude de se tenir. Je n’avais plus vraiment le choix d’agir ainsi; cet homme était la pire influence qui soit. Un aller direct pour la débauche et le fond du tréfond. À son contact, je perdais tout sens des responsabilités de même que toute forme d’ambition et mon amour propre. Inutile de dire que je suis retournée bien sagement m’asseoir à ma table en faisant en sorte qu’il ne me voit pas.

 

Jeudi soir, donc hier, je suis au show de Karkwa avec un ami et je trippe ma vie. Je savoure pleinement les talents musicaux du groupe lorsqu’un petit couple vient se planter devant moi et commence à se minoucher (Wtf que tu fais ça dans un show!). Je ne leur porte pas vraiment attention mais la partie masculine du couple symbiotique se retourne soudainement et en me voyant ses yeux se mettent à me fusiller. Littéralement. Frank est à moins d’un mètre de moi et il me gueule par-dessus la musique :

« Ah bin câlisse! Je pensais pas que t’étais encore vivante. Pourquoi tu m’as pas rappelé si t’es pas morte? »

Tout en moi avait envie de lui dire que si je ne l’avais pas rappelé six moi plus tôt c’était parce que les dépendants affectifs, je ne suis pas capable. Qu’on avait rien en commun, qu’il s’habille comme Frippe et Pouille pis que ça m’énerve mais surtout – point vraiment important – je n’aime pas me retrouver humecter de bave jusque dans le haut des joues lorsque j’embrasse un gars, c’est dégueulasse. On s’entend tu pour dire que la technique St-Bernard n’est pas vraiment un turn-on. Mais bon, je n’allais tout de même pas lui dire ses quatre vérités devant sa nouvelle copine. Je me suis donc contentée de lui dire que j’avais eu une période vraiment intense de travail et que j’avais travaillé près de 80 heures par semaine pendant plus d’un mois, ce qui n’était pas totalement faux. Et que lorsque ça c’était finalement calmé, je me sentais trop mal de le recontacter après un si long silence. Suite à ces explications, il n’a rien ajouté et s’est contenté de changer de place avec sa copine sans me dire « aurevoir ».

Comme si la soirée n’avait pas déjà atteint son quota de « drama », j’ai trouvé mon ex assis sur le pas de ma porte en rentrant chez moi.

« T’inquiètes, je ne resterai pas longtemps. Je ne veux pas t’embêter. »

S’ensuivi un silence où j’arborais mon air de «dis-moi-qu’est-ce-que-tu-veux-me-dire-bâtard » et qui commençait à s’éterniser un peu trop.

« Je veux juste te dire que je déménage. Ouais, j’ai été muté à Saskatoon. Je préférais te le dire tout suite au cas où tu essaierais de me contacter plus tard…

- Ok! Bin bonne chance à Saskatoon! »

Je suis passée devant lui, lui ai souhaité une bonne nuit et suis rentrée chez moi.

 

Vendredi matin. Je suis devant la porte de l’organisme où je fais mon stage et je cherche mes clés dans mon sac.

« Hey la puce! Ça fait tellement longtemps. »

Oh non, pas lui! J’ai eu la confirmation à ce moment que Dieu avait une dent contre moi. Stéphane est un homme que j’avais fréquenté l’hiver dernier. À première vue, il était l’homme idéal que j’avais toujours cherché : drôle, intelligent, cultivé, beau, musicien, artiste, intello ET manuel (my god ça se peut!!!) et j’en passe. Où était le hic? Le mec est un Pro-Vie persuadé que les femmes qui ont recours à l’avortement devraient faire de la prison. Ça c’est sans parler de ses nombreuses autres opinions ultra-conservatrices à propos de divers sujets de société et du fait qu’il était très arrêté sur ses idées. Moi qui est ouverte ou du moins essaie de l’être le plus possible, je trouvais inconcevable de fréquenter pareille personne. Depuis la fin de notre fréquentation, il la jouait comme s’il était indifférent face à cette situation mais certains éléments démontraient le contraire dont sa manie de chercher dix milles façons et raisons de me revoir ou de m’inviter à boire un verre. Il était justement en train de m’inviter en me disant qu’on avait tellement de fun ensemble. Je trouvai une façon de me défiler et rentrai dans l’édifice.

Au cours de l’avant-midi, je repensais à ma semaine en me disant que Montréal était rendue trop petite pour moi et pour contenir mes anciennes relations foireuses. Je commençais à envisager de fuir la ville lorsque la sonnette de la porte principale se fit entendre. Une de mes collègues se leva pour ouvrir. On venait livrer des fleurs. Pour moi. Pour moi!?! La même collègue me tendit le bouquet que je déposai sur mon bureau, déballai avec soin et saisi la petite enveloppe pour en sortir la carte.

Je sais que c’est cliché les fleurs mais je m’ennuie de toi. Vivement la fin de ta session et celle de mon enregistrement.

Amoureusement,

-K-

5 décembre 2008

Absence prolongée

Bon, bon! Après avoir quasiment reçue des menaces de mort parce que je n’écrivais pas de billet faisant suite à la déclaration d’amour que l’on m’a fait dans un bar il y a environ un mois, je prends la plume afin de rectifier la situation.

Ce n’était pas par méchanceté ou motivée par un profond désir de vous garder en haleine que j’ai tardé à écrire la suite de pareille péripétie. Non. Disons que c’est une raison beaucoup plus terre à terre qui m’a retenu d’écrire : ma fin de session.

Donc, reprenons où le dernier billet se terminait!

« Donc t’es amoureux?

-Oui.

-Et crois-tu que tu vas dire à l’Autre la nature de tes sentiments à son égard? »

Je ne sais pas où j’avais pu puiser tout ce sang-froid. Cet homme me faisait toujours un effet dévastateur et je restais sagement là à l’écouter me parler de ses problèmes de cœur et j’essayais même de le conseiller. Il cessa de regarder le fond de son verre (qu’il avait fixé tout au long de son discours) lorsque je dis ma dernière phrase et leva les yeux vers moi. Son regard rivé dans le mien, il me dit :

« Qu’est-ce que tu crois que je suis en train de faire? »

Ma vie ressemble parfois un peu trop à un feuilleton et je suis toujours en train de me questionner à savoir s’il a du potentiel ou s’il se classe parmi les séries B. Cette déclaration, je l’avais attendu depuis plus d’un an. Pour la première fois où je Le croisais par hasard, j’étais en beauté. Et depuis le début de la conversation j’étais en parfait contrôle de mes moyens. Tout allait tellement bien qu’il a fallu que je prenne une gorgée de mon scotch au moment où m’a dit la phrase. D’une prévisibilité pathétique! Ce qui m’amène à me questionner sur les qualités scénaristiques de ma vie. Au moins je ne me suis pas étouffée et, mieux encore, je n’ai pas recraché le contenu de ma bouche sous l’effet de ma surprise. Ça ça aurait été le comble du pathétique prévisible typique d’une quelconque série B. Je l’ai simplement regardé pendant quelques secondes – qui me parurent durer une éternité – avec de grands yeux et une drôle de grimace dû à mes lèvres crispées. Une fois l’effet de surprise passé, je me suis mise à regarder un peu partout.

« Qu’est-ce que tu fais?

-Je cherche la caméra cachée. »

Il a saisi ma main et m’a dit d’un ton presque solennel :

« Miss, j’suis sérieux. »

Ses yeux, ses beaux grands yeux que j’aimais tant… C’était à mon tour de me jeter à l’eau et de lui déballer la véritable nature de mes sentiments au cas où il ne le saurait pas déjà. Ce qui débuta comme un monologue devint rapidement un dialogue entre nous. Dialogue au cours duquel je lui ai mentionné ma récente rupture et de ma crainte de retomber trop vite amoureuse. Lui que j’avais tant désiré, la dernière chose que je voulais était qu’il devienne mon « rebond ».

Notre dialogue s’est terminé à 3 heure du mat avec le last call. Nous avons terminé nos verres et avons mis nos manteaux. Il était là, devant moi et je le regardais. Il m’a prit dans ses bras en me serrant doucement contre lui. Je n’arrivais pas à croire que tout cela venait de se produire. Alors il a murmuré à mon oreille :

« Qu’est-ce qu’on fait? »

13 novembre 2008

Pris de court dites-vous?

Dimanche soir, je suis sortie dans un bar branché du Mile-End en me gardant bien de faire des commentaires négatifs à propos de la musique d’Arcade Fire. Plus sérieusement, mon amie Nad était en ville et ce n’est pas tous les week-ends qu’elle nous rend visite. La dernière fois que l’on s’était vu c’était à Paris il y a deux ans. Elle y habitait depuis quelques mois et j’étais allée visiter mon amoureux de l’époque qui étudiait pour quatre mois dans la Ville Lumière. C’est cet ancien amoureux, qui est désormais un de mes meilleurs amis, qui m’a prévenu de sa visite et m’a invité au bar. Il m’avait dit qu’il ne lui mentionnerait pas ma présence afin de lui faire la surprise.

Elle fut en effet très surprise mais surtout heureuse de me voir. Deux ans c’est long! Lorsque les effusions de joie furent passées et que les bises furent données, je pris un siège en balayant la salle du regard. IL était là, assis à une table non loin de nous. Seul. Il me regardait en souriant. Il m’envoya la main lorsque nos regards se sont croisés. Je lui ai rendu son sourire en lui faisant un petit geste de la main. À ma table, la conversation avait reprit là où elle avait été laissée en suspend lors de mon arrivée. J’hésitai un moment avant de m’excuser auprès de mon ex (étant donné que Nad était très prise par les autres convives) et j’allai le rejoindre. Au moment de lui dire « bonsoir », je me rendis compte que c’était la première fois que je le rencontrais par hasard et où je n’étais pas décoiffée ou accoutrée de la plus horrible des façons. À croire que mon karma était de le rencontrer chaque fois le jour du laundry day.

« Salut! Qu’est-ce que tu fais là tout seul?

- J’avais besoin d’un peu de solitude.

- Oh… je ne te dérangerai pas plus longtemps dans ce cas.

- Voyons assied toi! Depuis le temps qu’on s’est vu. »

On ne s’était pas revu depuis mes vacances. À demi par choix et à demi par la force des choses. J’hésitais à lui en faire part. Le silence commençait à peser lourd mais lui faire ces confidences se résumerait à ouvrir ma boîte de Pandore.

« Ton roman, ça avance? »

Ah mon roman! Projet à très, voire trop, long terme. Peu de temps après que nous ayons fait connaissance, il avait pris l’habitude de me surnommer « l’écrivaine ». Ça me faisait sourire et j’étais flattée de cette appellation. Malheureusement, mon projet n’avançait pas au rythme que je souhaitais.   

« Disons que le projet est sur la glace. Je manque de temps avec le stage, le travail, les cours…

- Surbookée, comme toujours!

- Désolé mais tu es mal placé pour me reprocher mon workholisme. »

Silence à nouveau. Je n’ai jamais aimé niaiser avec la puck alors je décidai de me lancer.

« Qu’est-ce que t’as? Dis moi pas que t’as rien parce que je me rends bien compte que t’es pas comme d’habitude.

- J’ai laissé ma copine il y a deux semaines. Oui j’avais une copine et oui, je suis conscient que je ne te l’avais jamais dit.

- Je savais que tu avais une copine. »

Il me regarda avec stupéfaction alors j’ajoutai :

« Je vous ai vu ensemble. Sur la rue. Pourquoi tu l’as quitté? »

Il regarda le fond de son verre, se retourna vers la serveuse et en recommanda deux autres : un pour lui et l’autre pour moi. Il ne parla que lorsque nos verres furent devant nous et la serveuse de retour derrière son zinc. Ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il m’avoua avoir beaucoup aimé sa copine et qu’il ne l’avait pas laissé parce qu’il ne l’aimait plus. Mais il ne pouvait pas continuer à la fréquenter tout en pensant constamment à une autre femme. Il m’avoua que chaque fois qu’il croisait ou voyait ne serait-ce que de loin l’Autre, son cœur s’emballait. Qu’il avait toujours ressenti une profonde attirance pour elle et qu’il l’avait vu dernièrement. Elle marchait sur le trottoir et elle passa devant le resto où il était en train de manger. Son cœur s’était serré dans sa poitrine et il avait constaté qu’il n’était pas honnête envers sa copine. Alors il avait pris la décision de rompre. En écoutant son histoire, je me demandais si je devais lui dire que j’avais consolé, sans le savoir, son ex dans les toilettes de l’université près de deux semaines auparavant. Je me contentai de lui dire :

« Donc t’es amoureux?

- Oui.

- Et crois-tu que tu vas dire à l’Autre la nature de tes sentiments à son égard? »

Je ne sais pas où j’avais pu puiser tout ce sang-froid. Cet homme me faisait toujours un effet dévastateur et je restais sagement là à l’écouter me parler de ses problèmes de cœur et j’essayais même de le conseiller. Il cessa de regarder le fond de son verre (qu’il avait fixé tout au long de son discours) lorsque je dis ma dernière phrase et leva les yeux vers moi. Son regard rivé dans le mien, il me dit :

« Qu’est-ce que tu crois que je suis en train de faire? »

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